Raymond Cheynet

Raymond Cheynet

997 courses au compteur… toutes compétitions confondues..

Sa gentillesse et son humilité dussent-elles en souffrir, il est une « figure » de la ville de Montélimar. Pendant cinquante-quatre ans, il a tenu son salon de coiffure sur la place du Temple, et ô combien de têtes sont passées entre ses mains.

Mais cette casquette de « commerçant incontournable » s’est toujours doublée d’une version plus.. sportive, car il aura voué toute sa vie à diverses disciplines et en particulier à l’athlétisme.

Rencontre avec ce passionné de la vie, né à Montélimar il y a maintenant un peu plus de quatre-vingts ans… mais qui reste un éternel jeune homme….

Itinéraires : « Raymond, « l’aventure » va commencer dans quelles conditions ? »

Raymond Cheynet : « Je suis né de parents ardéchois.. qui sont un jour venus s’installer à Montélimar. Lorsque j’ai eu l’âge de travailler, je me souviens que je m’étais interdit de devenir boucher, ou mécanicien. Je n’aurais pas pu… Et puis, un jour, mon père va se faire coiffer « chez Bazin », dont le salon se situait entre le Café de l’Ardèche et le café de la Station à Montélimar. On est là dans l’année 1956. En rentrant ensuite à la maison, mon père me dit que Mr Bazin recherchait un apprenti. Pourquoi pas ? Je suis alors allé me présenter, et l’affaire a été faite puisque je faire mes premiers pas dans ce salon de coiffure, jeune apprenant de son métier en regardant travailler Jean et Tomy, qui étaient alors les deux coiffeurs titulaires…

Au bout d’un an et demi, Mr Bazin rencontre un jour Mr Kessler, qui était coiffeur comme lui, et qui tenait son salon sur la Place du Temple. Il se trouvait que son apprenti venait de le quitter. Mon patron m’a par la suite demandé si je pouvais aller le remplacer. Et j’ai accepté. C’est pendant mon temps de travail chez Mr Kessler que je passerai mon C.A.P de coiffure, puis mon Brevet. Dans un salon qui, je ne le savais pas encore, allait devenir pour moi « très familier »…

1961 : Un match « de tout repos » grâce à la vachette ! Raymond est ici, à droite…

I : « Mais la route va se poursuivre « sous d’autres cieux »…. »

R.C. : « Oui. En 1961, je vais partir pour faire mon service militaire.. dans la Cavalerie – où je n’ai jamais vu un cheval ! – mais peut-être parce que, sur les 18 mois que durera ce séjour, à La Valbonne, à côté de Lyon, je vais en passer dix-sept en tant que coiffeur ! Je coiffais tous les officiers du camp…

A cette période, ma mère s’était remariée, et elle s’était installée dans la ville de Faverges, en Haute-Savoie. Et à la fin de mon service militaire, après donc dix-huit mois, c’est dans cette région que je vais aller la rejoindre, et y exercer mon métier de coiffeur, jusqu’au 14 juillet 1970.

J’étais bien sûr titulaire de mon Brevet à ce moment-là. Et il m’arrivait souvent de revenir sur la ville de Montélimar. Et justement… lors d’une de mes venues, en discutant avec mon ancien patron, Mr Kessler, j’apprends qu’il veut vendre son fond de coiffure. Et moi, ça m’intéressait… En réalité, la transaction durera deux ans, mais nous la concluerons ensemble et, à l’été 1970, je me réinstalle à Montélimar, avec mon épouse Marie-Emma, enceinte de notre fils Raphaël, qui est né le 23 novembre de cette année-là. »

I : « Parlons du deuxième axe fort de ta vie, le sport… »

R.C. : « Avec plaisir.. En parallèle à ma vie professionnelle, et depuis toujours, je vouais une véritable passion pour le sport dans son ensemble. Et j’ai commencé sa pratique par le football, à l’U.M.S ( Union Montilienne Sportive ), où je rentre en « minime ». Je jouais au poste de gardien. Mais, lorsque j’ai commencé à travailler, je me suis vite heurté à des problèmes d’horaires. Car je finissais mes journées de travail aux alentours de 19h00, et, à cette heure-là, les entraînements de football étaient déjà bien avancés ! Bon, ça ne m’a pas empêché de poursuivre ma voie…

Alors que j’étais « junior », j’ai eu l’occasion, par deux fois, d’intégrer l’équipe première de Montélimar, qui jouait à l’époque en Division d’Honneur. Une fois en tant que gardien, et l’autre fois comme ailier gauche…

Je garde d’excellents souvenirs de ces six années passées à l’U.M.S Football…

Et puis, va arriver l’athlétisme… Comment le déclic se produit-il ? Le premier contact va se faire par l’intermédiaire de Mr Lucien Vabre, qui s’occupait, à ce moment-là, de l’U.M.S Natation et de l’U.M.S Athlétisme.

Une équipe de copains qui s’est bien régalée en Bretagne….

Quelques jours plus tard, et suite à ce premier contact, je participais à ma toute première course, à Valence, sur un 1000 mètres que je terminai en 3’05. Un temps plutôt encourageant !

Mais, dans mon idée, je mettais toujours en avant, à cette époque, le football.

Et il s’est trouvé que, par deux fois, l’équipe que nous devions rencontrer pour un match s’est désistée. Ce qui m’aura permis, et au dernier moment, de pouvoir rejoindre les « crossmens » pour participer à une compétition. La première fois, c’était à Tournon, en Ardèche, et la seconde à Valence. Les deux fois, j’ai remporté la course. C’étaient des cross d’environ huit kilomètres… mais que j’avais courus sans trop d’entraînement, puisque j’avais pris sur moi d’aller m’entraîner seul sur la piste du stade Tropenas de Montélimar, tous les mardis et tous les jeudis, sur une distance que j’avais fixé à 3000 mètres… »

I : « Pendant ton temps d’armée aussi, tu as couru… »

R.C. : « Pendant ma période militaire ? Bien sûr ! Je mettrais ce temps à profit pour rejoindre l’A.S.U.L, l’Association Sportive Universitaire Lyonnaise, en section athlétisme évidemment, et sur la discipline du demi-fond.

Pendant ce temps militaire, j’ai eu la grande chance de tomber sur un adjudant qui mettait le sport par dessus tout. Avec lui, nous avons pu créer une très belle équipe militaire, constituée pour beaucoup par des personnes qui étaient déjà inscrites en clubs, dans la vie civile. Par tradition, cette équipe devait compter dans ses rangs deux « engagés ». Mais ceux que nous avions nous ont très souvent « tiré la langue » en essayant de nous suivre, terminant assez fréquemment aux deux dernières places…

Avec ce club de l’A.S.U.L, j’ai été Champion de France en Inter-Clubs. Et sur la distance du 3000 mètres steeple.

Après ma « période lyonnaise », je vais donc revenir sur Faverges. Et là, petit à petit, je vais constituer une équipe. Patiemment, mais sûrement. A tel point que, en 1968, nous aurons une très bonne équipe « senior » qui, cette année-là, remportera le titre de Champion de Haute-Savoie, en en privant du coup l’équipe d’Annecy qui le remportait jusqu’alors à chaque fois, et depuis des années !

Une « première » ! Rallier Montélimar à Ravensburg sans s’arrêter….

Et lorsque je reviens à Montélimar, en juillet 1970, je vais bien évidemment signer à l’U.M.S Athlétisme, que dirigeait à l’époque Mr Charles Méneroud. Et tout de suite – le poste n’étant pas, traditionnellement, très couru – je vais accepter le poste de secrétaire, un poste que, cinquante-quatre ans plus tard, j’occupe toujours… »

I : « Ton installation à Montélimar t’aura apporté une certaine sérénité… »

R.C. : « C’est vrai que, une fois installé professionnellement place du Temple, j’ai pu mener de front une vie de travail riche – j’ai dû coiffer une grande partie des Montiliens, mais pas que, puisque j’aurais l’occasion de coiffer Leny Escudero, et aussi un des Compagnons de la Chanson… – et ma carrière de sportif, que je m’efforçais de diversifier.

Je pense là à ma période « boules lyonnaises » et « pétanque ». En 1960, alors que j’étais « junior », j’ai été « sous-champion départemental » de pétanque…

Tiens, une anecdote, en passant… En 1968, alors que je suis en Haute-Savoie, je vais participer ( et remporter ) un 5000 mètres du championnat départemental, sur le stade d’Annecy. C’était à 12h30. Le même jour, j’étais inscrit, dans un concours « tête à tête » de longue, dans ma ville de Faverges.

Jamais je n’ai dû courir aussi vite pour y être présent à 13h30 ! Et, à 22h30, je remportais cette compétition, battant au passage les quatre principaux favoris, les uns après les autres…

Et puis je voudrais aussi te signaler que, pendant cette tranche de vie savoyarde, j’aurais aussi l’opportunité d’arbitrer des matches de football, dont une finale mémorable Faverges – Rumilly, qui s’est déroulée par un temps vraiment mauvais… et que j’avais arbitrée en pantalon de ville !

Depuis que je suis devenu un « coureur montilien », j’ai eu l’opportunité de participer à de nombreuses et belles courses. Au début des années soixante-dix, par exemple, j’aurais l’opportunité de participer, par deux fois, aux « 100 kilomètres de Millau », devenant de ce fait un membre du club des « cent bornards »…

En juillet 1981, avec mes camarades Jacques Dufour, Jean-Pierre Galves et Alain Goudard, nous avons fait une « course – relais », une « première » en France, une course ralliant Montélimar à la ville « jumelle » de Ravensburg.

Une course sans arrêts. Une voiture nous suivait, et nous nous relayions dans la course, au départ toutes les deux heures, puis ensuite toutes les heures.

Ca reste aussi un très beau souvenir !

Avant ça, c’était en 1979, nous avions déjà pu nous régaler sur la course Brest-Rennes, une course dont je garde, en principal souvenir, les « creux et les bosses » des Monts d’Arrée – alors qu’on m’avait bien prévenu que « la Bretagne, c’était plat ! » – et aussi la visite à la célèbre « Pierre tremblante d’Huelgoat », une curiosité locale qui mérite vraiment le détour…

Et puis, je compte aussi cinquante participations à la course Marvejols-Mende, en Lozère… »

Sur cette photo, cinquante-six ans d’amour et de partage…

I : « Et aujourd’hui ? »

R.C. : « Aujourd’hui ? Eh bien, disons qu’à mon âge, il me semble raisonnable de laisser mes chaussures de course au vestiaire ! Mais en revanche, je reste toujours fidèle à mon club de l’U.M.S Athlétisme, dont, je te le rappelle, je suis toujours le secrétaire…

Et ce qui me fait toujours autant plaisir, c’est de voir que, parmi les plus jeunes générations, on trouve encore une rélève « qui en veut » !…

Propos recueillis le jeudi 21 novembre 2024

Quel réel plaisir de pouvoir échanger avec Raymond Cheynet, et quelle chance d’avoir pu croiser sa route.

Sportivement, il aura souvent été très bien classé. Mais, au classement des « belles personnes », il est assurément dans le peloton de tête, restant pour tous les jeunes coureurs montiliens d’aujourd’hui, un modèle…

Alors, pour ça, merci, Raymond.

Crédit photos : M.M

3 réponses à « Raymond Cheynet »

  1. Avatar de Messier
    Messier

    une vie bien remplie et qui n,est pas finie.bravo Raymond vraiment une belle personne

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  2. Avatar de LAUGiER René
    LAUGiER René

    Je connais Raymond depuis une quarantaine d’années dont il fut mon coiffeur jusqu’à sa retraite.On parlait de sport,lui étant dans l’athlétisme à l’UMS et moi de cyclisme au SJVC-Montélimar depuis 1973.A noter, qu’il était toujours bénévole lors de la Ronde du Parc à la mi-août,pour assurer la sécurité de passage des spectateurs, toujours placé au niveau de la rue 4Alliances, près du jardin public. Raymond est une personne toujours souriante,très aimable et dévouée au sport.

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  3. Avatar de dufour
    dufour

    sacret Raymond c’est toi qui m’a mis le grappin dessus un jour d’octobre 72 alors que je trottinais a l’hippodrome pour me donner le virus de l’athlétisme; bravo pour ta belle carrière et ton humanisme

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