Plus d’un demi-siècle d’amour avec « le centre de la Terre »…

La toute première trace Montilienne de « spéléologie organisée », on la trouve dès le milieu des années soixante, et.. au sein des Scouts de France. Dans ce mouvement, en effet, il y avait une petite équipe qui pratiquait la spéléologie, une troupe emmenée par le futur architecte Claude VIOSSAT, « Chef de Patrouille ».

Ils n’étaient qu’une petite dizaine de participants, dont aucun, malheureusement, ne rejoindra le M.A.S.C lors de sa création, qui n’allait pas tarder à leur emboîter le pas…
Parmi les précurseurs, on trouve le père de Serge AVIOTTE, Serge qui a construit sa réputation aujourd’hui en tant que glacionaute. Son père, donc, était responsable du « Club des Vulcains » à Lyon.

Si le père de Serge Aviotte arrive à Montélimar, c’est pour son travail. Maître d’œuvre, il travaille à l’époque pour l’entreprise Montilienne Cheval, une entreprise où il fera entrer Emile CHEILLETZ comme maçon, Cheilletz pièce maîtresse dans la formation du club Montilien.
Au mois de février 1966, en pleine période faste pour la spéléologie qui a vu naître dans cette décennie une trentaine de clubs dans la Drôme, dont le M.A.S.C il n’en reste à l’heure actuelle que 8. Le MASC en partie issu du premier club de plongée de la ville de Montélimar, l’Union Subaquatique de Sauvetage des Hommes-Grenouilles de Montélimar – connu comme « le groupe Dauphin ».

Les deux hommes qui portent les premiers cette création, ce sont Jean-Xavier CHIROSSEL ancien membre du club des Ours du Glandasse de Die qui travaillait au Commissariat à l’Energie Atomique de Pierrelatte et Emile CHEILLETZ, ancien membre du « Club des Vulcains » de Lyon.
Ces deux-là ont fait connaissance en 1966 dans la ville de Crest, lors d’une réunion du Comité Départemental de Spéléologie de la Drôme.

Par la suite, en février 1966 et dans un café célèbre de l’agglomération Montilienne – le Café de l’Ardèche – une petite quinzaine de passionnés va se retrouver et fonder un premier « Bureau » provisoire.
Les noms de ces précurseurs : Jean-Xavier CHIROSSEL à la présidence, Emile CHEILLETZ à la vice-présidence, Jean VATONNE à la trésorerie, Marie-Claire ROUSSET au secrétariat, avec Nicole BERTRAND pour la seconder… et puis Michelle ROUVIÈRE et Guy REYNAUD, comme simples membres de ce premier Bureau.

Le M.A.S.C – Montélimar Archéo Spéléo Club – sera officiellement déclaré à la Préfecture de la Drôme en date du 12 décembre 1966 (publication au J.O le 6 janvier 1967).
« Archéo » a été mentionné car une section archéologique a bien existé, jusqu’en 1980, dirigée par Mrs Maurice LAMBERT et Jean VATONNE… Cette section aura effectué de nombreuses fouilles, sur divers sites et Maurice LAMBERT aura suscité de nombreuses vocations, emmenant ans son sillage des personnes commeChristian CHAZE, Joël MOULIN, Pierre MANCIP, Jean-Jacques AUDOUARD, Frédéric CHALAS, Martial ACQUARONE, Murielle et Eric THIERRY, Christian SIBILLE, Yves Billaud, Bruno ASNAR et les frères CHAMPION. Certains d’entre eux basculeront vers la spéléologie, sans oublier pour autant les recherches archéologiques.

Aujourd’hui, cette partie d’activités du club ne fonctionne presque plus : les fouilles sont dorénavant réservées uniquement aux « professionnels ».
Mais le M.A.S.C peut se consoler, en ce domaine, avec les découvertes « fortuites » que peuvent leur réserver leurs désobstructions et leurs prospections….

Depuis 1966, le M.A.S.C a vu passer, dans ses rangs 450 personnes certains ont arrêté la spéléo pour des raisons diverses, d’autres sont partis suite à leur vie professionnelle ou ont rejoint d’autres clubs. 43 ont obtenu des diplômes fédéraux. Parmi eux, le plus ancien diplômé, Emile Cheilletz (brevet d’initiateur obtenu en 1959) et le plus élevé, Serge Aviotte avec un brevet d’instructeur.

Début 1966 La partie « administrative » pour la création du club étant à présent achevée, les spéléologues vont pouvoir maintenant donner libre cours à leur passion… et très vite. Dès le 27 février 1966, une toute première sortie sera organisée sur le département voisin de l’Ardèche, en association avec le Groupe Spéléo du C.E.A de Pierrelatte, dont les responsables, à cette époque, étaient Mrs GIAI et HATIER une famille connue de Montélimar, un des fils ayant longtemps tenu une librairie dans la rue Sainte-Croix.

Une première sortie qui aura aiguisé les appétits. Car vont ensuite s’enchaîner, pour tous ces passionnés, diverses courses dans des cavités « classiques », dans tous les massifs « karstiques » de France, et notamment dans les Pyrénées, en Savoie, dans les Grands Causses de l’Aveyron, dans le Vaucluse, dans le Gard.. et bien sûr l’Ardèche, ce département voisin qui offre tant de possibilités aux spéléologues…
Mais si marcher sur les traces d’illustres prédécesseurs, c’est bien, découvrir d’autres voies inviolées jusqu’alors, c’est encore mieux. Et, pour le M.A.S.C, cela va être les débuts des prospections pour dénicher ces nouveaux réseaux – ou ces nouvelles cavités – et les premières « désobstructions ».

Dont une, particulièrement, qui occupera le club sur deux années, entre 1972 et 1974, sur la commune de Plan-de-Baix, dans la Drôme, et à l’exsurgence du Brudour.
Parmi les gros chantiers entrepris par le M.A.S.C, dès le début des années soixante-dix, il faut noter l’exsurgence de Gournier, dans les Gorges de l’Ardèche. Un chantier sur lequel nous travaillerons pendant une quinzaine d’années, entre 1970 et 1985, recherchant l’origine de la rivière qui coule sur ce site.

Entre 1975 et 1990 aussi, ce sont les hauts plateaux du Vercors qui deviendra notre« terrain de jeu » et qui permettra de découvrir plus d’une centaine de scialets (cavité verticale), notamment dans la commune iséroise de Corrençon-en-Vercors. Parmi leurs découvertes, on peut citer « Le Clos de la Fure », avec ces – 580 mètres, sans doute la cavité la plus profonde découverte par le M.A.S.C, mais aussi le « Scialet de la Bulle », à – 396 mètres.

Découvrir de nouveaux réseaux, c’est déjà passionnant. Mais le travail ne s’arrête évidemment pas à ce plaisir. Une nouvelle cavité se doit d’être « enregistrée », topographiée.
Entre 1974 et 1990, le M.A.S.C s’emploiera à re-topographier un nombre important de cavités majeures, du côté de la ville de Saint-Remèze en Ardèche. Car sur ce secteur, certaines topographies commençaient à dater : une partie, réalisées parÉdouard Alfred MARTEL (voir plus loin) dataient de la fin du 19ème siècle, d’autres, réalisées par Robert de JOLY, dataient des années trente…
Le « Défilé de Donzère » les occupent aussi depuis 1966 en leur permettant de répertorier plus de 120 cavités, toutes aujourd’hui décrites et inventoriées, et pour beaucoup d’entre elles typographiées…
Cette région de Donzère qui, au site dit de « La Baume des Anges » leur a permis la découverte du « réseau des Montiliens » et du « réseau des Mousquetaires », qui leur offrira la découverte de concrétions de toute beauté, et notamment de « triangles de calcite » et de « sombreros », des concrétions qui ont été baptisées ainsi en regard de leur forme, qui rappelle le fameux chapeau mexicain…

La spéléologie étant une grande famille, certains membres du M.A.S.C ont pu, dans le temps, participer à d’autres explorations, organisées par des clubs voisins et amis.
Cela fut le cas à Samoëns, commune haut-savoyarde, qui vit, en 1981, la découverte dans son sol de la cavité la plus profonde du monde, avec une profondeur de -1 602 mètres.
Les « associations » entre clubs sont également courantes. Comme celle, par exemple, qui unira le M.A.S.C et le Spéléo Club de Lutèce (club parisien, évidemment) dans le Groupe de Recherches Biospéléologiques.
Cette union permettra aux deux clubs, pendant presque dix années, de faire ensemble de nombreuses études sur une cavité majeure la Goule de Foussoubie leur permettant de fabuleuses découvertes de concrétions insoupçonnables depuis la surface…

Et puis, parfois, les spéléologues « s’exportent ». Et se donnent l’opportunité d’aller découvrir d’autres sous-sols, et d’autres merveilles. C’est ainsi que, depuis leur création, des membres du club ont pu s’envoler vers la Papouasie-Nouvelle Guinée, la Patagonie chilienne, les Philippines, la Crète, l’Espagne, le Groenland, l’Iran et, dernièrement, la Patagonie – Argentine, le Monténégro et Madagascar.
Depuis leur formation en 1966, de nombreux membres du M.A.S.C ont participé au bon fonctionnement de la structure fédérale qu’est le Comité Départemental de Spéléologie de la Drôme. Et beaucoup y accéderont à des fonctions dirigeantes.
Il en est de même avec l’École Française de Spéléologie, qui fut en partie mise sur pied par Jean-Xavier CHIROSSEL, membre fondateur du M.A.S.C. Dans cette aventure aussi, le club Montilien aura donné de nombreux cadres pour cette école, à commencer par Serge AVIOTTE – qui y sera moniteur, puis instructeur, mais aussi des hommes comme Claude BOSSE ou Jacques ORSOLA.

Trente membres du M.A.S.C obtiendront un brevet fédéral sur une période de trente ans.
Les secours :
Le « Spéléo Secours Français » créé en 1977 est une commission de la Fédération Française de Spéléologie Le S.S.F par un tout petit groupe de spéléologues, dont Serge AVIOTTE qui fut Conseiller Technique et Emile CHEILLETZ en fut le premier trésorier.
Mais, avant cette création, Serge Aviotte dirigeait déjà les équipes de secours du Comité Départemental de Spéléologie de la Drôme, entre 1970 et 1977.
A la création du S.S.F de la Drôme, il en dirigera les équipes de 1977 à 1986.
Serge AVIOTTE, Jeannot LAMBERTHON et Dan MARTINEZ furent les trois créateurs du S.S.F de la Drôme. Mais de nombreux membres du club sont devenus, au sein de cette structure, des responsables actifs.

Et, au premier chef, on peut citer Jean-Jacques AUDOUARD, actuel président du M.A.S.C. Il fut d’abord simple secouriste de 1968 à 1978, puis il passa Chef d’équipe entre 1978 et 1986, puis enfin Conseiller Technique auprès du Préfet de la Drôme, de 1986 à 2013.
Mais on peut citer aussi Stéphane ASCENCI, Chef d’équipe, René ITHIER qui assura la responsabilité du groupe « transmissions » pendant vingt ans, ou encore Claude BASTIDA ou Katia DESFORGES, membres de l’équipe « Assistance Secours aux Victimes ».
Un peu d’histoire….

On attribue au terme de « spéléologie » deux origines différentes : l’une est grecque ( « spélaion » ) et l’autre est latine ( « Spélunca » – qui veut dire « grotte » ).
Édouard Alfred MARTEL (1859 – 1938) a en 1894, proposé le terme de « spélaelogie » à cette toute nouvelle discipline.
Et, en 1897, c’est l’archéologue Emile RIVIÈRE qui proposera « spéléologie » )
Cette discipline, tout à la fois scientifique et sportive, a pour objet l’étude des cavités du sous-sol, qu’elles soient naturelles ou artificielles, et en conduits « à l’air libre » ou en conduits « noyés ».

Édouard Alfred Martel aura été un précurseur pour faire connaître, et reconnaître, cette discipline au plus grand nombre, grâce surtout aux multiples explorations qu’il aura lui-même menées – plus de 1 500 entre 1888 et 1899.
Suivront diverses publications et de nombreuses conférences, un peu partout dans le monde…
La revue « Spélunca », bulletin de la « Société de Spéléologie » créée en 1895, est toujours le nom de la revue de la Fédération de nos jours.
D’autres grands noms de la discipline auront, chacun à leur manière, contribué à l’essor de cette exaltante discipline.

- Norbert CASTERET, qui aura exalté les esprits au travers des quelques cinquante livres qu’il aura écrit à la suite de ses différentes explorations….
- Robert de JOLY, inventeur du matériel pour les explorations, et notamment les échelles en câble d’acier et aux barreaux en duralumin, toujours utilisées de nos jours…
- Guy de LAVAUR, pionnier de la plongée souterraine, Bruno DRESSLER, inventeur du « bloqueur de remontée » et du descendeur toujours en vigueur de nos jours, ou encore l’alpiniste et spéléologue Pierre CHEVALIER…
La spéléologie a connu un réel essor dès les années cinquante. Entre 1950 et 1980, de nombreux clubs naquirent, que ce soit dans le réseau des Maisons des Jeunes et de la Culture, chez les Scouts de France, ou le Club Alpin Français.

La Fédération Française de Spéléologie a été créée en 1963, elle est née du regroupement de la Société Spéléologique de France et du Comité National de Spéléologie.
Mais malgré cet engouement né au milieu du 20ème siècle, force est de constater que la tendance est malheureusement aujourd’hui au déclin.
Un exemple ? Dans le département de la Drôme, il existait 24 clubs de spéléologie entre 1950 et à nos jours.
A ce jour ce nombre est tombé à 9…
La Fédération compte aujourd’hui environ 8 000 adhérents en France, mais ce nombre peut être réévalué, si l’on compte les pratiquants « extérieurs », les « individuels », le Club Alpin, les Scouts, les M.J.C, les comités d’entreprise….
Et si la « spéléologie sportive » regroupe les prospections, les explorations, les désobstructions, et parfois les plongées en siphon, la « spéléologie scientifique » regroupe de nombreuses disciplines.

Dont notamment l’archéologie, la paléontologie, la biospéléologie (étude de la faune vivant dans les cavités), la karstologie (étude des phénomènes géologiques créés à la surface du globe par le drainage de l’eau dans le sol), la morphologie, la sédimentologie, la géologie, les études hydrogéologiques de massifs, la topographie (réalisation de plans, et de coupes de cavités, relevés des coordonnées précises de ces cavités, reportés sur cartes).
Crédit photos : M.A.S.C









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