Jean-François Cousin

Jean-François Cousin

Porter un théâtre vivant, et fédérateur…

Jean-François Cousin est né en Algérie.. Il en part, comme beaucoup, en 1962, à l’âge de six ans.

Sa vie sera toujours tournée en direction des autres. Aujourd’hui, et depuis de nombreuses années, c’est via le théâtre, sa véritable passion, qu’il nous donne une nouvelle facette de cet altruisme, au travers les merveilleux spectacles qu’il monte avec sa ( ses ) Compagnie(s)….

Itinéraires 26 : « Jean-François… un début de vie … compliqué ? »

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Jean-François Cousin : « Ca s’est trouvé comme ça… je n’aurais pas profité longtemps de la vie algéroise…. Mon père, qui travaillait à la mairie d’Alger, ne nous rejoindra, d’ailleurs, qu’un an plus tard, en 1963…

Les parents de ma mère habitaient dans le département de la Saône-et-Loire. C’est là que nous allons échouer, mais nous n’y resterons pas longtemps. Car, dès 1964, et grâce à diverses connaissances, mon père va obtenir un poste à la mairie d’Orléans. Une ville dans laquelle je vais rester jusqu’à l’âge de dix-sept ans…

Mes parents ont connu de sérieuses difficultés pour obtenir un logement. Ils finiront par s’installer dans… une loge de théâtre, du théâtre à l’italienne d’Orléans, un lieu qui n’existe plus aujourd’hui…

Ce théâtre est très vite devenu un terrain de jeu. Très jeune, j’ai pu assister à de nombreux spectacles… Est-ce que ma passion vient de là ? Peut-être… »

It. 26 : « Quelles études avais-tu choisi ? »

J-F. C. : « Un parcours scolaire classique. Mais ces études, je les ai arrêtées assez vite… Alors que je n’ai pas mon Bac, je vais malgré tout – car c’était encore possible à ce moment-là – entrer aux Beaux-Arts… enfin, à l’Institut d’Arts Visuels.. d’Orléans. Une chance.

Pendant mes deux ans et demi de présence, je vais beaucoup apprendre. Pourtant, comme je suis quelqu’un « qui a des fourmis dans les jambes », je vais profiter d’une opportunité, possible grâce à un « jumelage » entre Orléans et une ville norvégienne. Le challenge était osé, pourtant je vais le saisir à bras-le-corps, et je vais m’expatrier en Norvège.

Là-bas, je vais m’occuper de jeunes enfants, âgés entre 5 et 7 ans, dont je ne parle pas la langue !

En réalité, je crois bien que ce seront plutôt eux qui auront été mes professeurs, en bien des occasions…

Au départ, bien sûr, on employait beaucoup le mime. Mes premières animations datent de cette période-là.

Et puis les choses se sont tassées, j’ai vite appris suffisamment de norvégien pour pouvoir me débrouiller.

L’expérience aura duré un an et demi. Et ce fut une expérience très forte… »

It. 26 : « Tu te sentais dans ta voie ? »

J-F. C. : « Je crois que j’ai toujours été attiré par le sort des personnes défavorisées. De retour en France, je vais passer, et réussir, un concours pour être éducateur. Et c’est comme éducateur que je débarque à Tours, enchaînant les stages avec des personnes plus ou moins handicapées.

Deux ans plus tard, avec un copain, nous allons entrer dans l’association « Browndel », qui gérait des enfants en situation précaire. Là, je travaillerai toute une année, avec encore beaucoup d’animations à la clé…

A Tours aussi, je vais rencontrer « la femme de ma vie », que beaucoup connaissent aujourd’hui sous le nom de « Bouclette ». Elle était également éducatrice.

De mon côté, enchaînant les petits boulots, je vais croiser la route d’un « Compagnon du Tour de France » qui était dans le travail du bois.

C’est lui qui va m’initier au tournage du bois, créant chez moi une véritable révélation. J’allais vivre du travail de mes mains…

J’ai acheté un petit tour à bois, et j’ai commencé à créer diverses petites pièces qui, une fois assemblées, donnaient des meubles miniatures. Je vais faire ça pendant. cinq ans, une plage de vie que nous avons vécue dans le Berry, à Valençay.

Nous avons encore bougé par la suite, restant quand même dans le Berry, et puis, mon métier a évolué. Je reconnais quand même que le milieu était compliqué…

Mais mon jeune frère avait, lui, fait tout un cursus d’apprentissage en ébénisterie. En 1988, nous allons décider de nous associer. Et nous allons monter notre propre atelier, pour y créer des meubles miniatures. Cette période de recherche d’un lieu idéal, en fonction des différents Salons que nous fréquentions par notre activité, nous amènera en Drôme…. » 

It. 26 : « Pourquoi la Drôme ? »

J-F. C. : « Parce que nous avions appris qu’il existait le « Festival de la Miniature » à Montélimar… Nous avons contacté la ville, qui nous a accueillis, et ce Festival, nous y participerons plusieurs années de suite…

De plus, nous avons pu trouver une maison suffisamment grande pour nous y loger tous, avec en plus un atelier attenant ! Sur la commune d’Allan, dans laquelle nous resterons 14 ans, faisant bien évoluer notre artisanat…

Sur les Salons, nous faisions des « meubles de maîtrise », des meubles certes complexes, mais qui nous auront amené une toute autre clientèle.

Nous nous étions « spécialisés » sur des argentiers. Mais nos clients, pour la plupart des collectionneurs, souhaitaient des modèles plus grands.

Nous nous sommes alors fixés sur les vitrines murales… et, comme les flacons de parfum avaient, à ce moment-là, « bonne presse », nous avons eu l’idée de créer nos meubles en forme de flacon. Nous en avons créé toute une gamme, une gamme que nous déclinerons ensuite avec d’autres objets pour modèles.

Grâce à ces meubles, et à la Foire de Paris, nous rencontrerons un plein succès, découvrant que nous étions les seuls sur ce marché ! »

It. 26 : « Et le théâtre, dans tout ça ? »

J-F. C. : « C’est en 1989 que j’ai voulu vraiment me former… Alors, je suis allé trouver Émilie Valantin, qui m’accueille d’abord parce qu’elle avait besoin de décors, de meubles, pour un de ses spectacles de marionnettes.

De plus, elle comptait monter une troupe de comédiens amateurs, dans le cadre du Théâtre du Fust. Elle avait, pour cela, engagé Mireille Antoine.

Moi, je vais entrer dans le groupe de Mireille. Qui nous formera pendant un an et qui nous fera monter notre première pièce.

Voilà comment les choses ont démarré…

Trois ans plus tard, j’apprends que, sur la commune de Viviers, se sont installés Denis Lorca et Mireille Delcroix.

Deux pointures… je vais aller prendre encore des cours auprès d’eux, et ils m’apporteront ; eux aussi, énormément.

J’ai ensuite « navigué » dans plusieurs troupes, ce qui va me permettre d’acquérir une certaine confiance en moi. Cette confiance me permettra de mettre en place des cours pour les enfants et pour les adolescents.

Bouclette et moi avions encore changé de maison. Mais dans notre logement actuel, plus grand, il y a suffisamment de place pour un atelier théâtre. Ce qui me permet de monter beaucoup de pièces… »

It. 26 : « Et si on parlait « spectacles » ? »

J-F. C. : « Avec Jacques Gras, j’ai participé aux premiers « Sons et Lumières » sur le vieux village d’Allan.

J’aurais aussi l’occasion de participer activement à la pièce « Roméo et Juliette » qui, à l’époque, a connu un joli succès – 500 spectateurs chaque soir… Les figurants avaient fédéré avec le noyau de comédiens, et cette osmose faisait plaisir à voir…

Puis, les choses ont fait que l’on me proposera, deux ans plus tard, de prendre la place du metteur en scène. Ce que je vais accepter…

Et le spectacle que je vais proposer en premier, ce sera « Notre-Dame de Paris ». J’avais écrit tout le scénario à partir du bouquin d’Hugo, et cela donnait un spectacle de 2 h 45 ! Mais, malgré ça, nous avons « fait le plein » chaque soir…

Pour la partie « musique », j’avais confié la tâche à Didier Capeille, qui était venu avec des musiciens du Conservatoire de Limoges…

Didier a composé une musique spécialement pour ce spectacle.

Nous étions 150 en scène… Ce fut une aventure humaine très importante pour moi. Une aventure qui aura suscité beaucoup de vocations, en plus.

Trois ans plus tard, je vais récidiver, en montant, cette fois, « Les Misérables », avec une nouvelle et belle troupe. Un spectacle que nous avons mnté « dans la passion »..

Ensuite, j’ai monté un spectacle des frères Cognard, une féerie burlesque que j’avais appelée « Tribulations pour un cœur volé » . Ce sera, du reste, le dernier spectacle que je monterai dans le cadre du « vieil Allan ». Pour ce spectacle, notre maison accueillait les couturières, mais aussi certaines répétitions…

Au final, ces trois expériences auront été trois belles aventures, extrêmement enrichissantes… »

It. 26 : « Parle-nous de ton actualité… »

J-F. C. : « A ce jour, je continue mes ateliers de techniques théâtrales… et puis, il y a eu la création de « La Ruche de Thalimelpo », une Compagnie qui fonctionne comme une association, que j’ai créée en 2008.

Pourquoi ce nom ? Tout simplement parce que, chez nos amis grecs, Thalie est la muse de la comédie, et Melpomène celle de la tragédie…

Aujourd’hui, cette compagnie vit, et vit bien. Nous sommes, selon les spectacles, entre 14 et 35 sur scène…

Et nous montons un spectacle tous les deux ans.

Le dernier que nous avons proposé, pour 2024 / 2025, c’était « Fugue en Absurdie », avec, en thématique, l’absurdité humaine, évidemment.

Au programme, six auteurs qui avaient eu l’occasion d’aborder cette thématique.

Le spectacle était une suite de saynètes, entrecoupées et liées par des plages musicales. Ce spectacle, nous l’aurons joué 18 fois… »

It. 26 : « Et le prochain ? »

J-F. C. : « Le prochain ? Nous n’en sommes qu’aux tout débuts… Le texte est écrit, déjà. Ou plutôt « traduit », car, à la base, c’est un texte en anglais…

Le thème… C’est une troupe de théâtre qui décide de transposer, à la scène, un film de cinéma.

En l’occurrence, « Les 39 marches », d’Alfred Hitchcock.

Mais ce sera une transposition « parodique »… pour laquelle, j’ai prévu un chœur, un chœur très « jazzy années trente », et aussi deux musiciens, le clarinettiste Eric Dupuis, ainsi que le pianiste Jean-Marie Francke.

Tu vois… toujours sur le concept théâtre – musique – chant…

A ce jour, nous sommes 22 sur ce projet. Un projet que je peaufine encore. J’ai en effet quelques idées à partir d’ombres chinoises….

Mais nous en reparlerons….

Propos recueillis le mardi 01 avril 2025.

Vive le théâtre ! Quel plaisir de pouvoir échanger sur cet art qui apporte tant de satisfactions. Et avec un « vrai » metteur en scène.

Itinéraires 26 suivra évidemment avec plaisir la suite des aventures de « La Ruche de Thalimelpo »…

Crédit photo : M.M

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