Géraldine Lefrêne

Géraldine Lefrêne

« Merci, … Madame ! », pour votre voix…

Native de la Capitale des Gaules, mais ayant grandi à Saint-Fons, Géraldine Lefrêne a forgé sa carrière de manière quasi-autodidacte. Mais qu’importe. Le talent ne réclame pas forcément les longues études… Découverte d’une musicienne attachante, engagée, et qui enchaîne les beaux projets…

Itinéraires 26 : « Géraldine, curieusement, ta voie ne va pas commencer en école de musique… »

Géraldine Lefrêne : « Non… Mes premières expériences musicales se feront au Collège Alain, de Saint-Fons. Et plus précisément lorsque je vais intégrer son orchestre, où j’ai « osé » remplacer la chanteuse…

Ma famille ? Je suis petite-fille de clown – mon grand-père avait été parrainé par le comédien Daniel Gélin – et aussi arrière-petite-fille de peintre, de Jules Lefrêne en l’occurrence, qui s’était présenté au Concours de Rome…

Ca, c’est du côté de mon père. Du côté de ma mère, j’avais un grand-père ténor. Qui faisait des reprises de Luis Mariano….

Et puis, mon père collectionnait les disques vinyles. Il en avait plus de 5000. Beaucoup de chansons françaises, pas mal de jazz aussi, entre Nougaro et Django Reinhardt…

Mais ce que je dois dire aussi, c’est que, alors que d’autres entrent en Conservatoire ou en école de musique très jeunes, moi, je suivais une petite « carrière » de sportive de haut niveau… Je faisais de l’athlétisme, et notamment le 800 et le 1000 mètres.

Sur ma trajectoire, j’aurais été, par deux fois, vice-championne de France.

Mais tout ce temps passé au service du sport, je n’ai pas pu le consacrer au chant… »

It. 26 : « Le déclic va se faire dans ce collège de Saint-Fons ? »

G.L. : « Il se trouve que, dans ce collège, mon professeur de maths était aussi mon professeur de musique.

Le « Caveau Jazz » de Saint-Fons avait été créé, et entre ses murs ont défilé un grand nombre de « stars »… Il y avait même un studio d’enregistrement….

Grâce à Alain Gaudard, mon professeur, je vais commencer à chanter – et à surmonter ma timidité ! Mais mes premiers essais ont été concluants… je me souviens, c’était un concert qui avait été donné au Théâtre Jean Marais…

J’avais chanté dans un répertoire de variétés, et c’est vrai que j’étais « sur un petit nuage »… Mais beaucoup m’avaient dit que j’avais une jolie voix…

Du côté des études classiques, j’ai fait des études supérieures en sociologie. Mais j’avoue qu’elles ne m’ont pas passionnée.

Côté chant, tu l’as compris, je suis complètement autodidacte. Et je m’en suis bien accommodée. J’écrivais des paroles de chansons, sur des musiques d’Alain Gaudard, et avec la collaboration de Laurence Lagier, qui chantait avec moi.

Tous les trois, nous nous produisions dans les brasseries lyonnaises…

Et c’est au cours d’une de ces soirées que je vais être « repérée »….. »

It. 26 : « C’est-à-dire ? »

G.L. : « Un soir, je vois arriver un monsieur qui va me proposer.. de faire les premières parties de la chanteuse Kimberly – une chanteuse américaine – qui va se produire à Megève, en Savoie.

Tu penses bien que j’ai sauté sur l’occasion. Je suis partie, pendant quinze jours, faire ces dates.

Parmi les musiciens qui accompagnaient Kimberly, je vais croiser surtout le bassiste, Maurade Meniri – qui jouait aussi dans le groupe Shakok – et une jolie histoire va alors commencer entre nous, une histoire qui dure encore aujourd’hui.

Maurade et moi avons eu deux enfants, dont Evan qui est musicien et chanteur professionnel à Paris.

Très vite après Megève, on va me proposer de rentrer dans un groupe vocal « a cappella », le groupe « Avoixcadabra », dont la « lead » était Monique Boge.

Dans ce groupe, nous étions quatre chanteurs, autour de reprises et de compositions jazz.

Avec cet ensemble, noius avons beaucoup tourné, et dans de très beaux lieux. Et ça se passait entre 1994 et 2001.

Dans l’intervalle, j’étais devenue intermittente, et là… l’envie d’apprendre me prend ! »

It. 26 : « Mieux vaut tard…  Comment cela se concrétise-t-il ? »

G.L. : «  Je vais intégrer un cycle de formation à l’E.N.M de Villeurbanne. Où j’ai pu faire quelques belles masterclasses, dont une avec Roger Letson, pendant toute une semaine… ainsi qu’un stage musical avec l’incroyable pianiste américain Kenny Werner.

Je n’oublies pas non plus ces stages de théâtre, avec la Compagnie « Le Voyageur debout » de Jean-Luc Bosc, à Lyon.

Pendant cette période, c’était 25 heures par semaine, qui m’ont permis de travailler la technique vocale, de développer mon oreille, de travailler en chorale…

Et puis, j’ai eu la chance de rencontrer Michèle Bernard, « autrice-chanteuse » qui a obtenu plusieurs fois le « Prix de l’Académie Charles Cros ».

Michèle était une grande amie d’Anne Sylvestre… Elle va nous écrire nos « rôles », des chansons sur mesure, pour un spectacle qui s’intitulait « L’homme qui fait les cent pas »…

Donc, j’étais à ce moment-là à la fois étudiante, mais aussi sur scène. Avec plus de soixante prestations par an… J’ai vraiment appris là mon métier de scène… »

It. 26 : « Et du côté albums ? »

G.L. : « Je n’ai jamais cessé l’écriture… Avec Maurade, nous allons composer mon premier album – que nous avons auto-produit – « Cézembre », du nom d’une petite île située entre Dinard et Saint-Malo.

Sur cette album, et dans l’équipe de musiciens, tu vas retrouver Bruno Simon – aujourd’hui guitariste de « L’Oeuf », le tromboniste Fernando Mc Catty, et.. le regretté Rémy Gouttin.

Cet album, ce ne sont que des compositions perso. Avec l’équipe, nous avons fait, entre autres, les premières parties de Pierre Bachelet et nous évoluions sur des airs très inspirés de Nougaro ou de Maurane… des airs des années quatre-vingt-dix, avec beaucoup d’inspirations « jazz français »…

Jouer en première partie de Pierre Bachelet  nous aura permis trente dates, devant des milliers de personnes à chaque fois…

Et à côté de ça, on est là au début des années deux mille, je suis toujours sur scène, avec plusieurs projets de reprises.

Il y avait, notamment, une formule qui rendait hommage à Charles Trénet, avec, autour de moi, des musiciens fabuleux comme Olivier Truchot, Jon Boutellier ou le super trompettiste Pierre Lafrenaye…

Cette formule a tourné pendant plusieurs années…

A partie de 2010, je vais retrouver David Bressat… Et ensemble, nous allons monter un projet-hommage à Claude Nougaro, dans lequel David sera à l’orgue Hammond, sa sœur Clélia sera au piano, Maurade, bien sûr, et, à la batterie, Rémy Kapriélan.

Avec cette formule, nous avons « écumé » les jazz-clubs… »

It. 26 : « Un mot, tout de même, sur le label auquel tu collabores ?… »

G.L. : « Oui. Le label « Obstinato ». Ce label, c’est David Bressat qui l’aura créé en 2012. Et je l’y ai rejoint en 2013/2014.

Depuis 2019, c’est ce label qui me produit…

Mais je reviens à mes albums… car j’avais un nouveau projet en gestation, un album de chanson française, que j’ai appelé « La feuille blanche ». Parmi les musiciens, outre Maurade et David, tu vas retrouver le batteur magnifique Yvan Oukrid….

Mais aussi notre fils Evan Meniri, dans les chœurs et à la basse…

Avec Evan, nous avons écrit quelques chansons ensemble….

En 2021/2022, un nouvel album sort, « Cher Nougaro », avec la fine équipe David-Clélia-Rémy-Maurade….

« Enfin ! » on avait fait notre album.. produit par « Obstinato » bien sûr. Eh bien, Hélène Nougaro nous a contactés. Et elle nous a chaudement félicités pour le travail que nous avions accompli.

Tu imagines que ça nous a beaucoup touchés.. et encouragés.

Beaucoup de soirées, beaucoup de prestations se sont alors enchaînées.

Par la suite, avec Maurade et Evan, et Laurent Couleau à la batterie, nous avons monté « Family Affaire », sur une formule concert-animation.

Le 14 juin ( 2025 ), nous jouerons aux « Concerts du Kiosque », organisés par l’Auditorium de Villefranche-sur-Saône.

Ici, ce sont des compositions, et des reprises, très personnelles. C’est un projet « multi générationnel »… y compris dans le public où tout le monde y trouve son compte..

Cette formule nous a déjà permis de nous produire beaucoup, dont notamment au « Club Med’ »… »

It. 26 : « Et puis, aujourd’hui, ton projet le plus actuel… »

G.L. : « Mes créations personnelles compteront toujours beaucoup… et donc, « Merci, Mesdames » arrive – il sort le 4 avril 2025 – sur toutes les plateformes.

Au final, le label ADME-Obstinato une très chouette équipe. Nous sommes quatre leaders, et je peux dire que François Rigaldiès, Pierre Baldy-Moulinier et David Bressat sont des « pointures », musicalement et humainement…

Des musiciens incroyables qui mènent chacun leurs projets avec beaucoup de courage et de talent.

Pour cet album, je voulais d’abord retravailler avec l’équipe de « Cher Nougaro ». Mais « Merci, Mesdames », c’est surtout un hommage à des femmes qui m’auront « aidée » dans mon parcours, qui m’a fait devenir celle que je suis aujourd’hui…

Elles m’auront donné de la force…

Cet album, ce sont 14 titres, dont 3 en anglais. Beaucoup de couleurs, toutes puisées sur la palette de ma vie musicale…

Ensemble, tous les cinq, nous avons arrangé tous ces titres, chacun apportant ses idées…

L’album a été enregistré chez « Les Tontons Flingueurs », le studio de François Forestier et Pascal Coquard, à la fin de 2024.

Notre « super » enregistreur, c’est Pascal Coquard.

Sur scène, grâce au label, il y a tout un travail scénique. Et pour lui, nous avons fait intervenir Géraldine Bénichou, qui est la metteure en scène du Théâtre du Grabuge, à Lyon…

Au son et à la lumière, c’est Clément Bally. Un garçon exceptionnel.

Le 18 avril, nous serons à l’Espace Tonkin de Villeurbanne. Je te donne ici les liens nécessaires pour nous retrouver sur ce projet…

Pour l’album :

https://www.helloasso.com/associations/adme-obstinato/boutiques/disque-merci-mesdames-geraldine-lefrene

… et pour les places :

https://www.helloasso.com/associations/centre-leo-lagrange-villeurbanne/evenements/merci-mesdames

Propos recueillis le lundi 31 mars 2025.

Un grand merci à Géraldine Lefrêne… pour plein de raisons. Sa bonne humeur, son professionnalisme, qui auront accompagné un entretien « naturel » très riche.

A te retrouver très vite sur d’autres projets….

Crédit photos : Fred Jouaret, @Cerino

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