Mélodie Romo

Mélodie Romo

Le cuir… dans sa plus noble expression….

Mélodie Romo est installée à Saint-Gervais-sur-Roubion, dans la Drôme, depuis 2013. Elle y travaille aujourd’hui le cuir, avec passion.

Dans une première vie, elle aura été guide-interprête, à Saint-Emilion, en Gironde et aussi à Concresseau, dans le Berry.

A présent, et sans regrets, elle peut vivre des objets de cuir qu’elle crée….

Itinéraires 26 : « Mélodie, que va t’apporter ton premier métier ? »

Mélodie Romo : « Mon premier métier ? Je ne l’ai pratiqué que trois ans… mais cela va me permettre de « bouger » un peu partout en France, et de découvrir ainsi ce pays.. dans lequel je n’ai pas grandi.

Il faut te dire que, si ma mère est française, mon père, lui, est Chilien. J’ai grandi à Santiago.

Je suis arrivée en France à l’âge de dix-neuf ans. Et, puisque c’est la ville de naissance de ma mère, je vais m’installer à Montélimar. Et assez rapidement, je vais travailler pour la Ville, en tant qu’animatrice dans un Centre Social.

Quelques années plus tard, j’ai eu envie de changer de voie. Ce sera à cette époque qu’avec ma famille, nous allons partir au Chili.
Et pendant ce voyage, je vais découvrir le « cuir de poisson »… »

It . 26 : « Le cuir de poisson ? »

M.R. : « Oui. C’est un cuir fait à partir de la peau de poisson, tout simplement. On peut faire du cuir à base de toute peau, du moment qu’elle peut être tannée…

C’est mon père qui, le premier, m’a emmenée, toute petite, dans une tannerie. Par la suite, je vais grandir dans le magasin de mes parents, qui étaient tous les deux maroquiniers…

Mon père, donc, va me faire découvrir la peau de poisson… et j’ai eu un vrai coup de cœur ! Je ramènerai quelques peaux de ce voyage. Et, une fois rentrée en France, je vais faire l’acquisition d’une machine à coudre, avec laquelle je vais « transformer » ces peaux de poisson en… pochettes.

L’art de « manier » une machine à coudre, c’est Jacques Dauberté – qui tenait le boutique « Tout feu, tout femme » – qui va me le transmettre…

Mes premières pochettes étaient nées.. Et puis, en 2015, je vais m’inscrire, via la Chambre des Métiers, dans une formation, qui allait me permettre d’ouvrir mon activité. A la fin de cette formation, j’avais le statut de micro-entrepreneure… »

It.26 : « Et tu t’installes, ensuite ? »

M.R. : « Pas tout de suite, non. J’ai d’abord rencontré une personne – lui-même artisan, en plus de son métier – qui va découvrir mes « petites » créations. Et il va, en quelque sorte, m’ouvrir les portes de ce monde de l’artisanat, en me donnant beaucoup de « contacts » utiles. Des contacts de créateurs, des indications de marchés, aussi… Sur le moment, il m’aura beaucoup apporté…

Ainsi encouragée, je vais alors me lancer dans la confection de pièces uniques. Mais… je n’avais pas encore envie d’en faire mon métier. Je cherchais mon style, en réalité.

J’ai créé des porte-clefs, d’autres pochettes, des trousses, des sacs, des porte-monnaie….

Pour chacune de mes pièces, je fais preuve de beaucoup de minutie. Et je m’efforce de mettre en valeur la totalité de la peau puisque, in fine, j’ai quasiment « zéro déchets ».

C’est à partir de ce moment-là que je vais me rendre compte que cette filière me plaît vraiment. Nous, artisans, nous devons être complètement polyvalents. Tout au long de la chaîne de production, bien sûr, depuis l’achat de la matière première jusqu’au produit fini, mais aussi pour tout ce qui est « travail administratif »…

Ma micro-entreprise, « Domo-Ko », naîtra en 2015. « Domo-Ko », cela veut dire « poisson d’eau douce » dans un dialecte d’Amérique du Sud… »

It. 26 : « Et comment as-tu évolué ? »

M.R. : «  Aujourd’hui, je façonne plusieurs types de cuirs. Au cuir de poisson, que j’utilise toujours, mais plus aujourd’hui pour certains parements, j’ai ajouté le cuir de vachette, d’ovin, caprin… au vrai, tous les cuirs qui me plaisent !

Je m’efforcerai aussi toujours de proposer à ma clientèle des produits de qualité, et durables.

Et cela commence par la qualité de mes cuirs. Pour eux, je m’approvisionne auprès de tanneries et de grossistes qui sont basés sur Romans, sur Annonnay, et sur Nîmes, aussi.

L’avantage des cuirs que je me procure, c’est qu’ils ne sont pas « suivis » Cela veut dire que si tu retournes des semaines plus tard à la tannerie, tu ne les retrouveras pas…

C’est important pour moi, en fonction de la destination que je vais leur donner. Mes peaux, je vais les acquérir « à l’instinct ». Et lorsque je vais revenir dans mon atelier, ce sont elles qui vont m’aiguiller sur le type d’objet à créer. Par leur couleur, par leur grain…. »

It. 26 : « Tu as ouvert un atelier, sur Saint-Gervais ? »

M.R. : « Oui, bien sûr. Mais, comme je suis quelqu’un qui bouge beaucoup, en fonction de mon métier, cet atelier n’est pas accessible tous les jours. Mais, en m’appelant suffisamment à l’avance, je fixe facilement des rendez-vous à l’atelier.

Pour les ventes, bien sûr, mais aussi, en amont, pour que les personnes aient tout loisir de choisir leur peau, ou leur fil…

Puis, ceci étant fixé, je vais réaliser la pièce et, lorsqu’ils reviennent la chercher, ils peuvent assister aux éventuels ajustements…

Je suis autodidacte. Et je suis quelqu’un qui s’adapte constamment. Je n’hésite pas à dire que je tâtonne, toujours…

Fidèle à mon credo de faire toujours de la pièce unique, même si les peaux que j’utilise me permettent de créer toute une série d’objets ( comme des ceintures, par exemple ), aucune pièce ne ressemblera à une autre…

Est-ce qu’il y a des objets que je n’ai pas encore réalisés, et que je souhaiterai faire ? Oh, oui, certainement….

Mais j’aimerais surtout pouvoir travailler plusieurs autres techniques… comme le « cuir moulé » par exemple, trempé dans l’eau pour l’assouplir, et puis aussi le cuir gravé, pour les personnalisations….

Aujourd’hui maroquinière, je peux dire que c’est un métier qui me permet totalement de laisser libre cours à ma créativité…. que je veux sans limites…

Propos recueillis le mardi 25 mars 2025

« Domo-Ko »

Mélodie Romo

06 65 01 70 06

melodieromo@hotmail.com

A retrouver aussi sur : www.domo-ko.fr

Crédit photos : M.M

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