Julia Mignot

Julia Mignot

Vêtir… dès le plus petit âge….

Julia Mignot est installée à Aubenas, en Ardèche, depuis 2012. Mais à l’origine, elle a été infirmière diplômée en Allemagne – son pays natal – un métier qui la conduira en Autriche, puis en France.

Là, elle rencontrera son mari… et changera sa voie professionnelle…

Itinéraires 26 : « Julia, ce changement de voie professionnel… pourquoi ? »

Julia Mignot : « Je suis arrivée en Ardèche simplement parce que mon mari, Jean-Philippe, y travaillait. Ceci dit, nous avons un rythme de vie assez particulier car nous partageons notre temps entre l’Ardèche et la Savoie. Mais cela me premet de pouvoir m’exprimer dans plusieurs domaines….

Nous avons deux enfants, nés en 2013 et en 2016, Noah et Elsa.

En 2018, il s’est trouvé que l’école de nos enfants était en travaux. Et du coup, ils attendaient, avec les autres enfants, dans un Centre Social, un bus qui les emmenait chaque jour dans les écoles qui les accueillaient…

J’ai constaté que, dans ce Centre Social, rien n’était prévu comme jouets, pour qu’ils puissent s’occuper jusqu’à ce que le bus ne les emmène… Alors, face à ce simple constat, j’ai décidé de « dépoussiérer » la vieille machine à coudre de ma mère, et j’ai commencé à confectionner des objets « multi-usages », à commencer par de simples tapis, mais des tapis équipés d’une corde circulaire qui, une fois actionnée, transforme ces tapis en sacs. Des sacs qui, in fine, récupéraient les jouets que les enfants pouvaient utiliser.. l’attente étant, pour eux, beaucoup plus facile… »

It. 26 : « Et cela va provoquer un déclic, chez toi ? »

J.M. : « Oui. Cette simple situation va, en effet, « aiguiller » mon futur. Et tu dis « déclic », mais en réalité, cela va devenir, chez moi, une véritable passion… Après la création de ces sacs pour le Centre Social, je vais, très vite derrière, confectionner un premier bonnet pour ma fille Elsa. Et un premier pull pour Noah.

A partir de ce moment-là, je ne me suis plus arrêtée ! Pourtant, à cet instant encore, je n’envisageai pas du tout en faire un métier… Je laissais simplement libre cours à mon sens créatif pour mes enfants, pour mon mari… sans pour autant m’oublier, bien sûr…

Et puis, je me suis retrouvée confrontée à mes chutes de tissus. Qu’en faire, pour ne rien gaspiller ?

C’est à ce moment que, via un réseau social, je vais découvrir un groupe, basé en Allemagne, un groupe de couturières passionnées dont la particularité était de confectionner des vêtements spécifiques pour les bébés prématurés.

L’idée m’a tout de suite plu. En Allemagne, cela fonctionne comme ça : les hôpitaux font part de leurs besoins en la matière et, dès lors que les besoins sont connus par les associations, ce sont tous les membres qui vont commencer à produire des vêtements à partir de la taille 38.

Pour mémoire, la taille « standard » pour un bébé à terme est la taille 50.

L’association va ainsi fournir, pour un même bébé, un lot complet de vêtements, de toutes les tailles allant du 38 au 50. Ces lots sont très généreux, car ils peuvent contenir, pour un seul enfant, jusqu’à une centaine de pièces, regroupant bodies, pantalons, hauts, bonnets, pyjamas, gigoteuses…

J’ai rejoint ce groupe, « Kleines Wunderkind » peu de temps après l’avoir découvert. J’ai travaillé avec eux pendant presque deux ans, et puis, je vais avoir l’idée de reproduire cette activité particulière ici, en France… »

It. 26 : « Comment t’y prends-tu ? »

J.M. : « J’ai commencé déjà par regarder si de tels groupes existaient autour de moi. Et j’ai constaté que, s’il y en avait bien quelques-uns, ce n’était pas comparable à ce que je connaissais de l’Allemagne.

Face à ce constat, je vais commencer à mûrir l’idée de me mettre à mon compte…

J’ai cherché de l’aide, pour le montage administratif de ma structure, et je veux citer ici la Chambre des Métiers et de l’Artisanat ainsi que le réseau « Initiative », qui m’ont bien entourée à cette occasion.

En novembre 2023, je vais participer à l’opération « Challenge ton projet », organisé conjointement par les antennes « Initiative » de la Drôme et de l’Ardèche. Ce « challenge », je vais le remporter, et cela me permettra de faire une première vidéo de mon activité.

J’ai baptisé mon entreprise « Du cocon au papillon ». Je trouve que c’est un raccourci très poétique pour nos petits prématurés.

Et, comme par hasard… le deuxième jour de cette opération « Challenge ton projet » , lorsque j’ai présenté mon projet fini, c’était le 17 novembre 2023. Or, il se trouve que, chaque année, le 17 novembre est, pour la planète entière, la « fête des prématurés ». Il n’y a pas de hasard….

Après cette première reconnaissance, d’autres « récompenses » vont m’arriver. Dont le « Trophée Pro » de Groupama Drôme-Ardèche, le « C.A d’Or » du Crédit Agricole dans la catégorie « implication sociale », et puis, au concours « Artinov’ », le Prix « Coup de Cœur ».

Je dois dire pourtant que, ces récompenses, si elles m’auront un temps soulagée financièrement, n’auront, à mon sens, engendré que peu de suites favorables…

Aujourd’hui, je travaille dans mon atelier, installé dans notre maison… »

It. 26 : « Comment t’es-tu développée ? »

J.M. : « Pour élargir judicieusement ma gamme, je propose désormais des vêtements pour les enfants jusqu’à l’âge de 4 ans.

Je dois dire aussi qu’à ce jour, les vêtements qui me sont les plus demandés sont dans les gammes oscillant entre 12 et 18 mois.

J’assure aussi des « commandes spéciales », comme par exemple des bonnets, destinés aux enfants appelés à porter des casques, suite à une malformation…

Mais cela inclut aussi les bodies adaptés aux soins nécessaires aux prématurés. Dans ces créations, les ouvertures du vêtement vont permettre le passage des divers « branchements » aux endroits stratégiques. Ces ouvertures sont fermées par des « velcros » qui ne grattent pas, qui sont très souples, avec des fermetures qui permettent le passage en « imagerie médicale »…

Tous mes vêtements sont fabriqués en coton « bio », soit certifiés OEKO-TEX ( sans produits nuisibles pour la peau ), soit G.O.T.S ( comprenant au minimum 95 % de fibres bio ).

Je me fournis aux Pays-Bas, pays réputé pour leur rapport qualité/prix sur tout ce qui est tissu bio. J’y achète mes tissus en rouleaux de 10 à 12 mètres.

J’ai également, bien sûr, des fournisseurs français, pour le tissu éponge par exemple…

Depuis novembre 2024, j’ai intégré l’équipe de « L’Atelier des Créatrices », au n°72 de la rue Pierre Julien, à Montélimar.

En avril 2025, je vais rejoindre aussi l’équipe de Balazuc, en Ardèche, qui va ouvrir, comme chaque année, sa boutique éphémère, « La Tribu », dans les jolies rues du village, une boutique qui reste ouverte jusqu’au moins la fin du mois d’octobre…

J’espère vraiment retrouver, dans un futur proche, un statut professionnel plus favorable, comme celui que j’avais lorsque je créais des ateliers couture.

Je constate que, bien que le domaine dans lequel j’évolue soit, de l’avis de beaucoup, indispensable, beaucoup n’ont encore pas le réflexe de faire appel à mes productions.

Mais je ne perds pas espoir. Car c’est une activité de coeur, et ma passion première !

Propos recueillis le vendredi 14 mars 2025.

Julia Mignot

« Du cocon au papillon »

42, chemin du Cheylard

07200 AUBENAS

06 26 41 63 90

ducoconaupapillon07@gmail.com

A retrouver sur Facebook, et sur Instagram : « Du cocon au papillon »

N.B. : En appelant Julia à l’avance, la visite de son atelier, pour une commande particulière ou un achat sur place, est possible.

Crédit photos : M.M

Laisser un commentaire