Une merveilleuse voix venue d’Iran…

Universalité… Quelle force, dans l’expression artistique, lorsqu’elle bannit toute frontière, pour nous faire profiter de ses facettes issues de lointaines contrées…
L’artiste qui ouvre ses portes à Itinéraires 26 sublime un des côtés les plus beaux de son pays, l’Iran, un côté qui – de l’avis de beaucoup – a beaucoup de mal à tenir son rang, dans les circonstances actuelles.
Anousha Nazari s’est aujourd’hui installée en France, mais elle porte haut sa culture.
Pour notre plus grand plaisir…

Itinéraires 26 : « Anousha, d’où viens-tu, exactement ?… »
Anousha Nazari : « Je suis née à Sari.. une ville dans le nord de l’Iran, qui est située au bord de la mer Caspienne. Et j’y ai vécu jusqu’à mes vingt-cinq ans. C’est en 2016 que je viendrai m’installer en France…
Mes parents n’ont pas opté pour des métiers artistiques, mon père est avocat, et ma mère travaille dans la finance, mais, en revanche, dans leurs vies privées, ils ont toujours porté l’Art. Mon père à travers ses peintures, et aussi la photographie, et ma mère par la peinture également… Et puis, ils ont toujours écouté beaucoup de musique…

Le chant ? A vrai dire, il n’est pas arrivé très tôt dans ma vie… Même si je chantais beaucoup, et depuis longtemps.. Je ne voyais pas le chant comme un futur métier… Non, je pensais plutôt devenir ingénieur. J’étais très attirée par les mathématiques, et la physique.
Adolescente, pourtant, je chantais dans des chorales. Et puis, j’ai pris aussi des cours de piano.
Lorsque j’ai eu mes dix-huit ans, je me suis inscrite en Faculté d’Architecture, mais aussi dans des « académies privées », de musique et de chant.
C’est difficile à expliquer, mais je sentais, au fond de moi, que la musique était ma vocation. Cela me semblait une évidence.

Mais je passerai tout de même mon diplôme d’architecte… »
It. 26 : « Tu as donc commencé par le piano ? »
A.N. : « Oui. Le piano, je l’ai commencé vers mes 16 ans, dans une académie privée, donc. Tu vois, c’était quand même assez tard. J’avais choisi cet instrument suite à la lecture d’un livre de Romain Rolland !… Je rêvais de jouer du piano, mais le chant a su s’imposer petit à petit.
Dans l’académie, il y avait plusieurs chorales, et je m’y suis intégrée très vite.
Au final, je ne ferai que trois ans de piano.
En réalité, ce sera lorsque je rentrerai à la Faculté d’Architecture que je commencerai vraiment le chant. Avec un professeur particulier.

Deux ans plus tard, je faisais partie de la chorale de Sari, qui avait aussi son orchestre. Et grâce à elle, pendant quatre ans environ, j’ai pu participer à de nombreux concerts, j’ai pu faire beaucoup de festivals, et j’ai pu surtout beaucoup voyager…
La dernière année, j’avais intégré la chorale de l’Orchestre Symphonique de Téhéran, qui était dirigée par Alexander ( Ali ) Rahbari.
Je me souviens que le concours d’entrée était en trois étapes…
A ce moment-là, ayant accumulé nombre de cours de chant, je savais, bien sûr, que j’étais mezzo-soprano..
C’était, ça, en 2014. J’ai eu, grâce, et au sein de cet Orchestre, l’opportunité de me produire dans de très belles salles, en Iran.
Tu sais, la culture, dans mon pays, est millénaire… C’est triste de voir comme elle souffre, aujourd’hui…

It. 26 : « C’est ce qui a motivé ton arrivée en France ? »
A.N. : « Je voulais depuis longtemps venir en France. Quand j’arrive, je me fixe à Paris. Et je vais m’inscrire au Conservatoire de Rayonnement Régional de Cergy-Pontoise. En classe de chant lyrique, bien sûr.
Une très belle période, qui durera quatre ans. Quatre années pendant lesquelles j’ai pu suivre diverses formations, pour « m’affiner », en quelque sorte.
En parallèle, je faisais quelques concerts. Et pour eux, je me suis axée sur des duos, que j’ai formés soit avec un(e) pianiste, soit avec un guitariste.

En fonction des opportunités, nous avons pu nous produire dans l’Amphithéâtre Richelieu de la Sorbonne, aux Beaux-Arts de Paris, à l’Hôtel de Lauzun… au Musée Français de la Carte à jouer, aussi ( c’est à Issy-les-Moulineaux ).
Ces premières prestations ont connu un joli succès…
Et puis, par la suite, les demandes se sont enchaînées.. comme pour le Musée Guimet de Paris, par exemple, ou à la Salle Cortot… Nous avons joué aussi à la Fondation Deutsch de la Meurthe, et aussi à la Fondation des Etats-Unis..

Et nous avons aussi quitté « l’Hexagone » également, pour aller nous produire en Allemagne, notamment à la Philharmonie de Munich, ainsi que dans la ville de Giesen, à côté de Francfort…
Je ne vais pas te citer tous les festivals que nous avons pu faire en France, mais cela nous aura bien fait voyager, entre Mâcon, Honfleur, Béziers, Vichy… et dans les Alpes ! »
It. 26 : « Qu’en est-il de tes albums ? »
A.N. : « Mes albums ? A ce jour, j’en ai sorti deux.
Le premier a vu le jour en 2021. Il s’appelle « Sounds of Ancestors », et a été publié par le Centre Samuel Jordan, de l’Université de Californie…

Sur ce projet, je suis en duo avec la sublime Jeyran Ghiaee, au piano.
Et puis, le second album, « In vino veritas » est sorti, lui, en 2024. Tu le vois, c’est tout récent.
Ici, on est sous la forme d’un trio : je suis au chant, au piano, c’est Lauriane Corneille, et à la clarinette – il est Iranien aussi – Amin Ebrahimi.
C’est évidement le projet que je porte actuellement.
Mais, ça ne m’empêchera pas de proposer, le 13 février prochain, à Paris, un « concert poétique », en compagnie de Jeyran.

Il se donnera dans la Mairie du 17e arrondissement, dans le cadre des « jeudis du classique ».
J’aime ce projet. Entre poésie et musique. Les textes sont « dits » en français, puis sont chantés en persan….
Je vais terminer – provisoirement – en te disant que j’ai pu faire aussi quelques clips, notamment avec la Philharmonie de Paris, et aussi avec le Théâtre des Champs-Elysées…
Tout cela se retrouve sur mon site : www.anoushanazari.com
Propos recueillis le vendredi 7 février 2025.
Je remercie Anousha pour son accueil, sa disponibilité, sa fraîcheur… Une véritable découverte, que je vous engage à faire.. d’abord par le biais de son site, très chouette…
Itinéraires 26 suivra, désormais, la carrière d’Anousha…
Crédits photos : Sara Masoumzadeh, Davood Maeili, Michel Aguilar, Pouya Piran, Shayan Sajadia









Laisser un commentaire