Entre photo et violon… un fil rouge artistique.
L’artiste qui reçoit Itinéraires 26 aujourd’hui a une sensibilité à fleur de peau.
Et cette sensibilité, elle a la bonne idée de la laisser s’exprimer dans toutes ses performances artistiques, qu’elles soient musicales, ou figées dans un cliché….
Itinéraires 26 : « Fanny, ta voie va, assez vite, s’enrichir de plusieurs influences… »
Fanny Retif : « Oui… ça s’est trouvé comme ça.. Je suis née à Quimper, dans le Finistère et, dans ma famille, il y a toujours eu plus ou moins des connexions avec l’art… Mon père, déjà, jouait de la clarinette. Ma sœur aînée a évolué en tant que designer .. quant à mon frère, il était danseur dans le corps de ballet de l’Opéra de Paris.
Petite, je voulais devenir chanteuse d’opéra. A trois ans déjà, je réveillais mes parents, la nuit, en chantant !… Mais, en réalité, cette voie musicale, je la commencerai sur la clarinette de mon père, j’avais « l’oreille absolue », un détail, à mon avis.
J’ai développé un goût prononcé pour la musique, et celle qui m’apaisait avant de dormir, de ce que me raconte ma mère, était le rock !

It.26 : « Tu as rapidement évoqué l’Afrique, tout à l’heure… »
F.R. : « Parce que, alors que j’ai sept ans, nous allons partir pour ce continent. En Côte d’Ivoire. Et, là-bas, je vais avoir une véritable révélation.
A Abidjan, à l’Institut National des Arts, il y a un orchestre. Et, en allant écouter un de leurs concerts, je vais repérer le violon..
Je serai violoniste….
Mon père a alors profité d’un aller-retour à Paris pour me faire la surprise de m’offrir un violon. En 1989, à Abidjan, je commencerai les cours avec Monsieur Huy.
Mon cycle primaire se passe en Côte d’Ivoire, et puis, en 1991, nous rentrons en France, à Ville d’Avray.

J’entre dans l’école de musique de la ville, et là, c’est la rencontre avec Marie-Christine Millières. Elle est professeure de violon et c’est une femme extraordinaire, humble, passionnée, passionnante et très engagée.
Travailler avec elle sera un réel plaisir, et durant de belles années.
C’est à Ville-d’Avray que j’obtiendrai mon Premier Prix de Niveau Supérieur.
Par la suite, j’intégrerai le C.N.R de Boulogne. Et j’avais, pour le coup, des horaires scolaires aménagés… »
It.26 : « Tu savais ce que tu voulais, à ce moment-là ? »
F.R. : « Non. Pas du tout. Je n’avais aucune idée arrêtée quant à mon futur. Pourtant, je sentais que la musique en ferait forcément partie. Parce qu’elle a toujours été présente en moi. Je le pense depuis toujours. Les moments sont rares quand je n’écoute pas de musique…
Du C.N.R de Boulogne, je sortirai avec mon Diplôme de Fin d’Etudes. Et, par la suite, je vais avoir l’opportunité de croiser la route d’Hratchia Haroutunian – (ancien élève de Leonid Kogan) – il est professeur au Conservatoire russe de Paris, dans le 16ème arrondissement.
Puis je vais mettre le cap sur Genève, et plus exactement sur le Conservatoire de la Haute École de Musique.

Ce seront des allers-retours fréquents entre Genève et Paris, puisque j’ai rencontré à ce moment-là le père de mes enfants.
Alors j’intègre en parallèle la Schola Cantorum, à Paris, pour des cours d’écriture avec Narcis Bonet et le Conservatoire de Paris V pour passer le prix de musique de chambre.
J’obtiens le diplôme de la Haute École de Musique de Genève en 2005.
Un mot sur ma vie scolaire…
Je dois reconnaître que l’école en France ne m’intéressait pas. Le retour d’Afrique a été le début du décrochage. Je n’arrivais pas à m’adapter à l’ambiance. Tout était agressif pour moi. La compétition, le rapport de force, la moquerie, la comparaison.. je ne vivais pas ça, là-bas….
Et, au lieu de m’en défendre j’ai perdu tout mon temps à essayer de comprendre.
Je ne travaillais plus.
Je quitte l’école ;
Mon bac, je le passerai en candidate libre, sans être passée par la Terminale.
Pour en revenir à mes études au Conservatoire , j’aimerais te dire que tous ces prix, tous ces diplômes reçus, je les ai tous considérés comme autant de marques de reconnaissance envers mes parents, qui ne m’auront jamais empêchée, mais bien au contraire, toujours encouragée à suivre le chemin que je m’étais choisi : faire de la musique.
Mais ces prix n’ont aucune autre valeur que celle-là !
It.26 : « Et en parallèle, tu pratiquais… »
F.R. : « Oui, bien sûr ! Pendant mes études, je travaillais en tant que violoniste. Notamment pour une pièce de théâtre « Pour l’amour de Dieu ou de rien », écrite par David Assaraf, qui est auteur compositeur.
Dans ce spectacle, je suis donc la violoniste. Et le père de mes enfants, qui était au Cours Florent ( école de théâtre ) y avait un rôle aussi…
Nous jouions du mardi au samedi, au « Guichet Montparnasse ».. ( quels beaux souvenirs ).
Il va de soi que être sur scène fait partie de l’apprentissage musical.
On passe des concours, des auditions, on intervient dans les écoles, dans des maisons de retraites, des scènes.
Là, c’était professionnel, et c’était une scène de théâtre.
It.26 : « Par la suite, tu t’es encore diversifiée… »
F.R. : « J’enchaîne diverses missions d’enregistrements , pour les films, du flamenco, pour des artistes de rap, variétés classiques, pièces de théâtre…

Puis une seconde passion va s’exprimer : la photographie.
Je fais des portraits, des affiches… pour des musiciens, pour des comédiens, acteurs, pour différents projets ….un peu de vidéo-clip, du « vidéo-live », expositions, boutiques de vetements.. pour accompagner des articles de presse, et la street-photographie surtout !
Chaque jour, la musique dans le casque, je pars à la chasse de ce qui pourrait me surprendre, me toucher, m’émouvoir… et le saisir pour faire durer l’instant dans le temps.
Comme cette musique qui nous fait revivre les moments … ceux dans les bras d’un amant, d’une fête avec les copains, d’une balade en voiture avec mon père, dans la maison de famille quand nous sommes réunis, cette musique qui peut aussi me rappeler le goût d’une margarita en tête à tête …
It.26 : « Te retrouve t-on sur un album ? »
F.R. : « Oui. Et il me tient à cœur de citer le premier album de David Assaraf, « Ceux qui dorment dans la poussière »…
Je l’accompagnais sur scène… et puis, ça a été l’arrivée du virus de la Covid-19. Et, personnellement, une période charnière… qui pourrait être le sujet d’un thriller psychologique.
Je mettrai cette période à profit pour, en quelque sorte, me « réinitialiser »…
Et toujours avec mon appareil-photo, et mon violon.

It.26 : « Parle-nous maintenant de ton projet actuel… »
F.R. : « Ce projet va naître de ma rencontre avec le journaliste Thomas Cluzel. Et c’est un projet qui va s’articuler entre les chansons qu’écrit Thomas, et des mélodies au violon, plus d’autres textes.
Thomas, en plus de son métier de journaliste, compose, et joue de la guitare.
A l’origine de ce premier projet, Thomas écrit sur des faits-divers, sur les serial-killers, et moi, de mon côté, je compose des mélodies et des textes qui étaient les croquis d’un projet de film.. d’une histoire à raconter.
C’est dans ces conditions que nos deux univers vont se croiser, et finalement se réunir.
L’idée d’un album est arrivée assez vite. Nous avons tout de suite eu une vision commune et claire du projet abouti.
Nous faisons évidement face à diverses difficultés par manque de connaissances mais ces difficultés nous élèvent. Elles nourrissent et renforcent d’autant plus le projet.
Nous avons sorti un premier titre, « Never to be released », que tu peux le retrouver sur les plateformes Spotify, Deezer, Itunes….
Notre première date officielle a eu lieu lors du festival « FleuyDays » à la Maison d’arrêt de Fleury Merogis, en Septembre dernier.
La suite arrive bientôt…
Je vais terminer en te disant que j’enseigne désormais le violon par le biais de l’association « Lepic-Music ».
J’aime enseigner, j’adore mes élèves, j’en veux plein !…

Propos recueillis le vendredi 17 janvier 2025.
Fanny Retif a su se bâtir une route artistique solide. Et, en regard de sa personnalité attachante, elle la mérite amplement.
C’est très volontiers qu’Itinéraires 26 reviendra, dans l’avenir, sur la carrière de Fanny…
N.B : Pour la photo de couverture, crédit à Alexis Limousin, de Fridge Studio.









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