Oeuvrer pour un centre-ville « vivant », et responsable…
Depuis avril 2024, elle est la coordinatrice de l’Espace Public Numérique et Espace de Vie Sociale « Eustache ». Et si le challenge de son activité est grand, il lui en faudra beaucoup plus pour la décourager de sa voie, tant son « métier » lui tient à cœur….
Itinéraires 26 a rencontré cette passionnée du « vivant ».. sous toutes ses formes….
Itinéraires 26 : « Carole, votre voie, de base, ne prenait pas cette direction d’aujourd’hui… »
Carole Magne : « Oui, c’est vrai. Ma vie commence à Paris – où je suis née – mais, très vite, ma famille va se délocaliser sur Saint-Denis, dans le 93, et je dirais même dans les quartiers « aux pieds des cités »… Mes parents évoluaient tous les deux dans le milieu des « techniciens supérieurs », mon père aux Télécoms, et ma mère dans un laboratoire médical…
Mes grands-parents maternels ont également beaucoup compté pour moi. Mon grand-père était ingénieur dans la sidérurgie, quant à ma grand-mère… elle était la « grand-mère normande » chez qui nous passions quasi toutes nos vacances, dans leur département de l’Eure.
Mon père tenait à ce que je fasse l’Ecole Polytechnique. Et, dans cette optique, il m’a inscrite dans un lycée parisien. Mais, dans le même temps, je passais beaucoup de temps avec mon grand-père, dans l’entretien et les soins de son jardin. Et ce détail n’est pas innocent..
Je suis donc entrée au Lycée Condorcet, à Paris, en 1987. Trois ans plus tard, j’y obtenais mon Baccalauréat série C. Mais, une fois ce diplôme en poche, que faire ? J’avais quelques certitudes : d’abord, quitter Paris… laisser un peu de côté les mathématiques et la physique pour prioriser le « vivant » via la biologie… et c’est naturellement que je vais me diriger vers une école d’agriculture… »
It : « Telle devait être votre voie ? »
C.M. : « A ce moment-là, oui… J’ai donc réussi le concours d’entrée de l’E.S.I.T.P.A – Ecole Supérieure d’Ingénieur et Techniques Pour l’Agriculture, qui était basée à l’époque dans la ville de Val-de-Reuil, dans l’Eure. Et là, je vais enchaîner cinq années d’études dans lesquelles, c’est vrai, je me sentais vraiment dans mon élément…
Mon mémoire, je le ferai à l’I.N.R.A – pendant ma dernière année – et son sujet sera : « Trouver le moyen d’isoler la lipoprotéine-lipase contenue dans le lait des chèvres A, pour ainsi en tester l’influence sur la flaveur des fromages issus du lait de chèvre B ». J’ai travaillé ce mémoire alors que je suis enceinte de ma première fille, Noémie, et – un bonheur n’arrivant jamais seul – il aura reçu une bonne note…
A l’issue des cinq ans, je vais assurer mon rôle de « maman » pendant quelques mois, et puis je vais me remettre en recherche d’un job.. pour me retrouver embauchée par la Chambre d’Agriculture de la Drôme.
J’étais basée sur Dieulefit, en tant que « technicienne caprin, filière affineur ». Dieulefit… chèvre… j’ai bien sûr travaillé pour la S.A Cavet, pour une période qui durera quatre ans.
Et cette période s’est arrêtée – je précise que c’était mon choix personnel – pendant les élections pour le renouvellement du Président de la Chambre d’Agriculture, en 2000.
Ainsi libérée de mes fonctions, j’ai pu me consacrer – pleinement cette fois – à deux autres enfants, Elsa et Matthias, et puis, quelques temps plus tard, à Judith et Anouk.
C’est une période pendant laquelle nous avons beaucoup bougé, au sein de la Région Rhône-Alpes. Mais une période aussi que j’ai mise à profit pour, grâce au C.N.E.D, me former pour enseigner le « Français Langue Etrangère ». J’ai obtenu le diplôme D.A.E.F.L.E en 2005, à l’Alliance Française de Genève.
Et cela va m’ouvrir les portes du domaine de la formation pour adultes… »
It : « Ce nouvel axe débute comment ? »
C.M. : « J’ai commencé par diverses missions, en fonction des demandes qui m’étaient faites, sur l’ensemble de la Région Rhône-Alpes. Et ça, jusqu’en 2015, année pendant laquelle je vais me faire embaucher par l’I.N.F.R.E.P de Montélimar. J’y étais « référente » ( coordinatrice ) pour l’O.F.I.I, l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration.
Je travaillais dans leurs locaux, à l’époque sur le route de Valence.. Et ma casquette « agro.. » m’aura permis de diversifier, de façon conséquente, mes formations ultérieures..
Cette période achevée, j’ai enchaîné, en 2021, par un poste à la fois de directrice et de formatrice, au C.J.T, le Centre Jeunes du Tricastin ( ou Centre de Formation de Pierrelatte ).
Je ne vous ai pas précisé que c’est la ville ( Pierrelatte ) dans laquelle je résidais, et c’est toujours le cas aujourd’hui…
Malheureusement, à la fin de l’année 2023, et pour des raisons financières, le C.J.T va cesser d’exister. Son dépôt de bilan a été constaté, et huit personnes se sont retrouvées plus ou moins « sur le carreau »…

Certains d’entre nous ont pu bénéficier quand même de nouvelles formations afin de repartir d’un bon pied, même dans un autre domaine professionnel…
A ce moment-là, c’est vrai que je me suis beaucoup interrogée. Devais-je repartir dans l’agriculture ? Je m’étais mis certaines limites…
Pendant le temps que j’ai passé au C.J.T de Pierrelatte, j’avais noué des contacts, avec « Radio Micheline » de Montélimar d’une part, et surtout avec l’Espace Public Numérique « Eustache ». Cette dernière structure ne m’était donc pas totalement inconnue… »
It : « Sans savoir que… plus tard… »
C.M. : « Ca s’est fait comme ça… Moi, pour diverses raisons, je ne souhaitais pas repartir dans le monde de la formation. Il se trouve que, quelques mois plus tard, en consultant simplement les offres d’emploi proposées par France Travail ( ex – Pôle Emploi ), je tombe sur l’annonce qui recherchait un/une coordinateur/trice pour l’E.P.N-E.V.S Eustache.
J’ai postulé. Et j’ai rencontré Ludovic Evieux et Hannah Thomas, qui étaient respectivement vice-président et présidente de cette association. Tous les deux m’ont présenté le poste, et ce qu’ils m’ont dit m’a d’emblée intéressée : le côté « formation » n’existait plus, mais, en même temps cela impliquait beaucoup d’écoute, beaucoup d’accompagnement… et aussi beaucoup de projets à mettre en œuvre ! Bref, je me suis, à nouveau, sentie complètement dans ma voie…
Dès le départ, le plus gros de mon travail a été de « rendre encore plus visible » cet espace « Eustache ». En commençant par le lieu lui-même, qui a été grandement modifié pour recevoir nos divers publics de façon plus confortable… et puis ensuite, je me suis attachée à renouer les liens – qui s’étaient un peu distendus – avec les partenaires proches, comme Radio Micheline ou le FabLab, et d’autres, toujours locaux mais plus « institutionnels » ou « indépendants », comme la Médiathèque, les Centres Sociaux de Nocaze ou de Pracomtal… »

It : « Avec quelles idées, en filigrane ? »
C.M. : « L’idée principale était de développer « Eustache » comme le lieu ouvert et incontournable pour quiconque porte un projet apte à raviver le centre-ville.
Et de continuer inlassablement à « aller chercher » les habitants du centre-ville ancien, pour les inviter à nos diverses activités ou dans nos différents ateliers, pour qu’ils en deviennent eux-mêmes les porteurs.
Ce que je traduis par « Pour les habitants, par les habitants ». D’ailleurs, nous avons mis en place, tous les seconds mercredis de chaque mois, une réunion profitable à tous…
Parmi nos activités « hors les murs », je voudrais vous citer celle que nous avons baptisée « Ca se passe en bas de chez vous », qui a lieu traditionnellement au mois d’avril. Pour cette manifestation, « Eustache » se délocalise sur une place du centre-ville ancien, et propose diverses animations.
Pour cette année 2025, nous mettrons en place deux ateliers nouveaux, que nous avons appelés « Remue-méninges » : des occasions supplémentaires de se retrouver autour d’une thématique précise…
On ne peut pas ne pas citer notre « Carrefour des Rencontres », pour lequel, chaque année, l’association et ses bénévoles composent une délicieuse soupe au pistou que nous offrons au public, point d’orgue d’une journée pendant laquelle beaucoup d’activités artistiques sont proposées, grâce à de riches collaborations avec des artistes « très ouverts » sur le partage…
Mais, « Eustache », c’est aussi les activités « intra muros », comme l’accompagnement aux devoirs, le jeu tous ensemble, et plein d’autres animations dont certaines sont portées par la Médiathèque…

Je voudrais dire aussi – et c’est une nouveauté – que nous avons décidé de créer « Sam’Eustache », une fois par mois. Jusque là, « Eustache » était ouvert du lundi au vendredi. Cette évolution d’ouvrir un samedi par mois, en plus, permettra à tous nos publics de venir nous rejoindre à cette occasion, pour prendre un temps d’échange, de jeu, ou simplement un café avec nous..
Par la suite, des associations « invitées » pourront mettre à profit ce temps pour venir distiller leur propre savoir-faire… »
It : « Un mot sur votre équipe ? »
C.M. : « L’équipe actuelle d’Eustache est toute jeune. Mais elle n’en est pas moins déterminée dans sa réussite. A mes côtés, Marie Baltz est notre médiatrice sociale, Christopher Bonhomme est notre médiateur numérique et Adam Moschietto, notre conseiller numérique.

Vous le voyez, chacun a ses compétences propres, mais cette équipe fait preuve d’une osmose à toute épreuve. Je peux témoigner que chacun d’entre nous s’implique à fond dans son rôle, et j’avoue que c’est très confortable, pour la coordinatrice que je suis, de travailler dans ces conditions…
« Eustache », vous l’avez compris, ne manquera jamais de projets. Mon vœu, aujourd’hui ? Que le plus grand nombre d’entre eux puissent se réaliser, et que le nombre de participants puisse croître de plus en plus.
Tout est lié…
Propos recueillis le vendredi 10 janvier 2025
Espace Public Numérique / Espace de Vie Sociale « Eustache »
5, place Léopold Blanc
26200 Montélimar
04 26 51 32 46
Ouverture, du lundi au vendredi : 09h00-12h00 / 14h00-17h00
Crédit photos : M.M









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