Une voix à toute épreuve….
Les chemins de vie ne sont pas toujours simples.. et même parfois ils en seraient décourageants… Pourtant, la volonté, la persistance et, en ce qui la concerne, le talent, font que le beau finit par passer au-dessus. L’artiste qui reçoit « Itinéraires » aujourd’hui connaît aujourd’hui une belle route artistique, et… elle l’a bien méritée…
Itinéraires : « Et pourtant, Céline, on ne peut pas dire que tu aies été particulièrement soutenue… »
Céline : « C’est vrai.. J’arrive au monde dans la ville de Dunkerque, dans une famille qui n’avait pas un vrai engouement pour « l’artistique ». Pourtant, mon père, qui était ingénieur, avait une très belle voix…
J’ai en fait grandi en Moselle, entre Metz et Thionville. A l’âge de trois ans déjà, et une cassette peut en témoigner, mon père me faisait déjà chanter. Et, en écoutant cette cassette, je me suis rendu compte que je chantais déjà juste, en rythme, et avec les intonations ! Et je soupçonne même que je devais m’accompagner d’une certaine gestuelle…

De toutes façons, je ne me destinais pas, à ce moment-là, à une quelconque carrière musicale ou artistique. Non, je voulais être médecin… et même chirurgien. J’étais passionnée par les sciences de la Terre… Au final, je ferai des études d’infirmière, dont je sortirai diplômée, à Briey.
Pour mes sept ans, je vais commencer le piano. Au départ, j’étais très attirée par la harpe, mais je ne trouvais pas de classe de harpe dans ma région. Je me suis donc rabattue sur le piano – qui me plaisait aussi – et je suis entrée à l’école de musique d’Hayange, où je resterai cinq ans en tout…
La dernière année, qui correspond à mon année de Terminale, je l’ai passée exclusivement sur mon instrument. A la base, je dois bien reconnaître que le solfège, ça n’était pas fait pour moi ! J’ai eu un parcours musical assez particulier… mais il m’aura tout de même menée là où je suis aujourd’hui… »

I : « Le déclic pour le chant se produit dans quelles circonstances ? »
C : « Alors que je suis en classe de CM2, et à l’occasion de la kermesse de l’école, notre instituteur nous soumet une idée : choisir son artiste, se grimer pour lui ressembler, et mimer en playback une de ses chansons… Le tout, bien sûr, devant public.. Moi… j’aimais bien France Gall, et c’est donc elle que j’avais choisie. Manque de chance, une autre fille l’avait déjà choisie, elle aussi. Alors, mes « petits camarades » m’ont tous orientée sur… Madonna ! Madonna que je n’aimais pas plus que ça ! Mais j’ai quand même relevé ce gant-là et, sur la scène, je me suis donnée à fond. Mais vraiment. Et j’ai scotché tout le monde avec ma prestation… Et puis, notre instituteur avait eu la présence d’esprit ( l’inspiration ? ) de me faire chanter la première. J’aime autant te dire que « Madonna » a donné, ce jour-là, des ailes à tous les participants ! A tel point d’ailleurs que, ayant été tous très applaudis, nous avons dû donner une seconde représentation !
Deux années plus tard, je vais entrer dans une troupe théâtrale – nous étions toute une bande de 12/13 ans – du Centre Social Culturel de Sérémange, pour un spectacle autour « d’Alice au pays des merveilles ». La jeune comédienne qui jouait le rôle du Lapin blanc était partie, ce qui avait mis le moral de la troupe en berne… J’ai pris ce rôle « à mon compte », et je l’ai même équipé, pour l’occasion, d’un zézaiement ! Une inspiration qui m’avait traversé la tête sur le moment mais qui, au final, aura fait l’unanimité ! La troupe « au moral dans les chaussettes », devant le succès remporté, a repris du poil de la bête et ce n’est pas mentir que de dire que l’énergie que j’avais déployée là avait joué un grand rôle… »

I : « Cette expérience va t-elle durer ? »
C : « Non. Juste une année.. Et puis, tu sais, c’est le parcours scolaire qui nous a séparés. Mais ma voie continuait de se construire, et, à cette époque, ça va aussi passer par.. le cinéma. Car ce sera l’année qui verra sortir, dans les salles, le film de Walt Disney, « La Petite Sirène ». La chanson principale du film, je vais la chanter en boucle ! Et en parallèle, ce sera aussi là que je commencerai le dessin, une autre activité artistique que j’adore pratiquer…
L’année suivante, c’est « La Belle et la Bête » qui sort en salle : même cause, mêmes effets ! Et l’année encore après, c’est « Aladin » – et son « rêve bleu » – qui va m’emporter. C’est aussi cette année-là que je vais découvrir Whitney Houston et Mariah Carey.. et surtout leurs chansons ! J’ai passé énormément de temps sur ces interprétations, mais ce n’était pas toujours simple, notamment quant au placement de certaines notes…
J’avais quinze ans… et toujours autant de difficultés à m’imposer…
Pourtant, je me suis accrochée. Et ce sont d’abord les copains de collège qui vont m’apporter leur soutien. Et, après eux, mes professeurs qui m’encourageront en toutes circonstances… A partir de là, je vais commencer à écouter beaucoup plus de musiques. Sur certains interprètes, je m’entraînais, comme avec Tracy Chapman, Michael Jackson… peu d’artistes français, par contre, mais beaucoup de R’n’B’… et puis les autres, tous les autres que j’aimais simplement, comme Queen, Anggun, Sade, Seal….

Tout ça me portait… Je vais me lier d’amitié avec un camarade de lycée, qui jouait du piano, et qui m’aura accompagnée sur plusieurs morceaux. A présent, je me sentais « acceptée ». Grâce à la musique… Je m’en rendais compte pleinement… »
I : « Que peux-tu nous dire de tes premières expériences de scène ? »
C : « Ca a commencé par un karaoké. Une participation que je vais faire alors que je suis en Terminale. Ce sont les débuts des karaokés, et il y avait peu de choix de chansons, à ce moment-là. Je vais choisir « Oui, j’l’adore ! » de Pauline Ester. Je me produis et, pendant ma prestation, je vais « zapper » une partie de la mélodie – que je restituai de mémoire ! Lorsque j’ai eu terminé, une personne est venue m’interpeller, et ce qu’elle m’a dit m’a fait comprendre que cette organisation était un concours, en fait.. Et cette personne était tellement désolée de « ce trou » que j’avais eu pendant ma chanson qu’elle me proposait de revenir, le mois suivant, pour à nouveau tenter ma chance ! Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde, et j’ai bossé à fond la chanson de Pauline Ester. Pour la petite histoire, mon père aussi s’était inscrit à cette nouvelle sélection. Mais c’est moi qui vais aller en finale, une finale que je vais même remporter. Le Premier Prix était un voyage. Et nous sommes partis à EuroDisney.. à quatre. Et j’étais fière de pouvoir emmener toute ma famille, grâce à ma passion !
A partir de là, les propositions de travail vont commencer à s’enchaîner. Il y aura même un musicien – dont nous reparlerons – qui me proposera d’intégrer son groupe ! Il m’avait repérée dans une fête de village…
Plua tard, en Fac de médecine, je vais croiser la route de Nassim el Hadj, un jeune chanteur belge qui, pour gagner quatre sous, vendait des bandes dessinées dans les rues. On a discuté chansons, et il m’a demandé de chanter. Et c’est lui qui, le premier, remarquera que « je chantais de la gorge », ce qui n’est pas bon. Du coup, je vais m’efforcer de corriger ça… en chantant uniquement en français ! »
I : « Et tu travaillais, à côté ? »

C : « Pendant que je suivais mes cours d’infirmière, j’ai, c’est vrai, bien diminué le chant. Et pourtant, dans ma tête, je me sentais plus que prête !
Alors que je suis dans ma première année d’école d’infirmières, je vais participer à un nouveau concours – c’est vrai, un peu bidon – mais je vais y gagner une place au sein du groupe auquel appartenait l’animateur ! Et dès le week-end suivant, je me produisais pendant un thé dansant, sur une chanson d’Edith Piaf. Et ça marche « du feu de Dieu »…
L’organisateur de ce thé dansant vient me voir en fin de soirée et me dit que son fils, qui est manager, recherche des nouveaux talents. Nous allons finir par nous rencontrer. Et quinze jours plus tard, après un nouveau karaoké (!), les circonstances favorables vont enfin s’ouvrir pour moi. Ce soir-là, je décrocherai mes deux premières vraies dates.. rémunérées !
Et ça se passera au mieux… C’était pour des soirées privées, qui se passaient au Luxembourg. Après ça, mon téléphone allait souvent sonner !…
On m’a notamment proposé un spectacle pour enfants, qui existait avant moi. Pour remplacer une chanteuse, dans un spectacle qui comportait aussi des danseuses. Et ça a été encore une très belle expérience… alors que je n’avais pas encore « de métier ».. Mais je suis bien obligée de reconnaître que ça matchait partout où je passais…

Les demandes continuaient à affluer, me faisant parfois travailler de tout nouveaux répertoires… Et puis, j’ai appris à « faire les choeurs », j’ai appris aussi à « me tenir » sur scène… »
I : « Et puis, nouvelle opportunité… »
C : « Oui. Alors que je me produis un peu partout – j’ai notamment fait une super prestation au Royal Palace de Kirrwiller, je vais connaître un petit bémol. Dans le sens où.. le duo de musiciens qui m’avaient mis le pied à l’étrier va purement et simplement me remplacer !
Mais.. ils vont me proposer une porte de sortie, qui, curieusement, va me faire renouer avec la personne qui, quelques années auparavant, m’avait proposé de rejoindre son orchestre. Lui, c’est Stéphane Palmucci ( il chante, il est aux claviers et à l’accordéon ), et il est en duo avec Patrice Paschalidis qui, lui, est guitariste.
Notre trio est né comme ça, et il va me permettre d’enchaîner les belles rencontres.
Jusqu’au jour où Stéphane va nous proposer, à Patrice et à moi, de constituer un duo guitare-voix, pour nous produire ensemble. Et c’est ce que nous allons faire, poussant même l’expérience jusqu’à faire un bout de chemin privé ensemble…

Notre duo s’appellera « Paradise ». Et ce duo va tourner pendant douze ans, dont dix, pour moi, en tant qu’intermittente. Un duo dans lequel je serai aussi aux claviers. Dans notre répertoire, se mêlaient Led Zeppelin, Eric Clapton, Carlos Santana, Aretha Franklin… et tant d’autres… Je vais « découvrir » pour de bon Tina Turner…
En réalité, Patrice et moi, nous nous enrichissions l’un-l’autre. Et nous l’avons fait jusqu’à la fin de notre duo. La dernière date que je ferais avec Patrice sera le 31 décembre 2016…
Il s’en suivra, pour moi, une période, de plusieurs mois, pendant laquelle je ne ferai que « digérer » une overdose musicale…
Mais le virus va vite revenir…
Ah ! J’ai oublié de te dire que, dans le cadre de notre duo, nous allons sortir, en 2009, un « maxi-CD », composé de chansons françaises, et leurs versions anglaises. Pour cet album, nous nous produirons au « Sentier des Halles » à Paris. »

I : « Et comment rebondis-tu ? »
C : « Une fois seule, je vais me relancer, en contactant d’abord toutes les personnes que j’ai pu rencontrer sur ma route « en groupe ». Et ma première prestation « solo » sera pour une soirée de réveillon à Thionville, où ça s’est encore super bien passé…
Je me suis donc attachée à développer ma voie personnelle, et, pour marquer ce changement, je vais quitter la Lorraine pour partir dans le Sud, d’abord à Nice, et puis dans la Drôme, où je suis pour le moment…
En tant qu’autoentrepreneur, j’ai créé « Céline Events », et je me produis aujourd’hui un peu partout, pour diverses manifestations privées comme publiques.

Et je propose un répertoire « à la carte », conséquent et surtout, sans frontières ! »
Propos recueillis le mardi 12 novembre 2024
Céline Events
06 71 02 51 07
celine.events.djchanteuse@gmail.com
P.S : A la fin de notre entretien, Céline a eu la gentillesse de me donner un échantillon de sa voix.
Ce fut une très belle surprise.. d’entendre une voix si juste, et si forte, s’exprimer sur une chanson assez difficile.
Céline est un talent brut. Et elle mérite sa belle route…
Crédit photos : Céline Chanteuse, M.M









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